mercredi 10 septembre 2014


Confusion … jamais un roman n'a aussi bien porté son nom ! Mais attention, ça n'a rien de méchant, bien au contraire. Je le dis d'emblée : pari réussi pour Cat Clarke ! Ce roman n'est sûrement pas le coup de cœur de l'année, justement parce qu'il m'a perturbé. J'ai adoré être perdu, et j'ai perdu à être perturbé. Confusion. Je viens de le terminer, laissez-moi vous en parler.

Grace a 17 ans se réveille dans une pièce entièrement blanche. Un lit blanc, des draps blancs, des murs blancs, un plafond blanc, une porte blanche, une salle de bains blanches, un tas de feuilles … blanches. Et des bics. L'évidence s'impose : elle vient d'être kidnappée. Mais qui est ce mystérieux Ethan, son ravisseur ? Pourquoi est-elle traitée aussi bien ? Et pourquoi l'oblige t-il quasiment à écrire ses souvenirs ? 

A sa façon, ce roman est déroutant. L'auteure mélange en un même lieu le passé, le passé du passé, le présent du passé, le présent et le passé du présent. Au final, on recompose les morceaux dans notre tête pour recréer la vie de Grace, son quotidien et ses blessures. Car cette fille est blessée, mutilée par un passé douloureux, par un présent qu'elle ne supporte plus et par un futur qui l'effraie. Mutilée par des évènements et puis par elle-même aussi. Car Grace se cache une vérité qui pourrait bien la sauver. Au fur et à ses mesures de ses écrits, des souvenirs remontent à la surface et elle nous les livre, bruts. Et en même temps si détachée … C'est tellement étrange …

Oui détachée. Grace souffre, et ça ne m'a pas touché. Pourtant je ne pense pas être insensible, mais c'est comme s'il y avait une vitre entre ses émotions et elle. Ou entre elle et nous. Elle nous livre les moments les plus intimes de sa vie, surtout les plus durs. Mais c'est comme ses émotions ne s'accrochaient pas au lecteur. Je me rends compte en vous écrivant que j'ai bien accroché au livre, au suspense, au thème, mais l'héroïne ne me fait ni chaud ni froid. Je n'ai pas été touché par ses émotions. Peut-être que c'était un effet voulu par l'auteure, la distance entre l'héroïne et nous, et peut-être pas. Et en même pas, je pense qu'on peut expliquer ça par la désinvolture de l'héroïne et par la banalisation de certains actes.

En effet, Grace se scarifie. Elle se coupe les bras, les jambes, et ça lui permet de se sentir mieux, de se calmer, d'évacuer tous les problèmes qui lui tombent dessus. Et quand on veut des explications sur le pourquoi, on en a pas. C'est comme ça. Parfois les gens font des choses qu'ils ne s'expliquent pas eux-mêmes mais c'est comme ça. Soit. Mais cette banalisation entraîne la banalisation d'autres actes, plus graves encore et amène une distance considérable entre le lecteur et les héros. 

Tiens parlons-en des héros justement ! Grace, difficile de vous en dire plus ! Non, moi je voudrai d'autres personnes tout autant importantes. Nat par exemple. Le beau, intelligent, sexy, doux, attentionné, gentleman Nat. Le parfait Nat. Je ne dirai rien de plus. A vous de décider à quoi ai-je pensé en écrivant tous ces adjectifs. (mwahahahaha !) Je pourrais aussi parler de Sal, mais à quoi bon ? Au final, tous ces personnages on s'en fout. La seule qui compte c'est Grace. Parce qu'elle m'a touché. Pas par ces émotions mais par ce qu'elle a traversé, par ce qu'elle a vécu. Le passé est bien souvent une explication au présent. Pas une justification, mais une explication. Même irrecevable.
Oui, son histoire m'a touché. L'histoire de son père, sa relation avec sa mère, ses problèmes d'amitié, ses histoires de cœur (de cul plutôt ?), bref, sa vie de merde. Car à ce niveau là je pense qu'on peut l'affirmer : cette fille a vécu l'enfer.

En comparaison, Revanche, l'autre roman de Cat Clarke que j'ai lu, est bien plus puissant car on est plus proches des héros. Mais Confusion a ce truc, cette confusion justement, qui fait que j'ai beaucoup aimé ce roman (moins que Revanche je dois bien l'avouer). Ce mélange des lignes du temps, cette plongée dans le passé de l'héroïne, cette recherche de soi-même poussée à son paroxysme pour trouver cette vérité qui l'empêche de vivre. 

Cat Clarke m'a beaucoup plus touchée et bouleversée dans Revanche. Confusion, c'est les débuts de cette auteure, mais ce roman nous montre déjà toutes ses qualités d'écrivain. Car c'est indéniable : Cat Clarke est douée ! Elle manie la plume comme une arme, et ses mots sont des lames qui taille dans le vif de la chair d'un lecteur qu'elle marque à jamais.

Pour conclure, Confusion, c'est un bon roman, intéressant et très prenant, mais si vous ne devez lire qu'un Cat Clarke (même si c'est une grave erreur de n'en lire qu'un), lisez Revanche !
Théo

1 commentaires:

Salut !!
Merci de laisser une trace de votre passage, avec politesse, cela va de soi !!
Amicalement
Théo