Boys don't cry, de Malorie Blackman

Wahou ! Je crois que c'est le seul mot qui exprime tout ce que j'ai pu ressentir en refermant ce livre, il y a de ça deux heures. Il y a quelques temps, chez mon cousin Nathan, on lisait "On n'est pas sérieux quand on a 17 ans". Cette superbe chronique m'avait donné envie de lire ce roman. Et j'espère pouvoir en faire autant avec vous ! Parce que je n'avais pas lu comme ça depuis un bout de temps ! Cela faisait un moment que je n'avais pas été transporté comme ça dans une histoire, avec fougue, passion et envie ! Complètement happé ... (Bon ok, en réfléchissant bien, j'ai lu Les Éveilleurs T.4 il y a deux semaines et c'était fabuleux ! Mais pas comparable !! Les Éveilleurs, c'est une autre forme d'émerveillement, d'éveil ...)

Dante a 17 ans, un examen brillamment passé et se prépare à l'Université, où il part dans un mois. Mais, son ex-copine, Mélanie vient lui rendre visite, un bébé dans les bras. Et là, il pense : "Comment peut-elle être assez idiote pour être mère à 17 ans ?". Mais, deux inspirations plus tard, Mélanie prononce ces dix mots "Dante, c'est toi le père. Emma est ta fille.", et la vie de Dante bascule, à jamais. Surtout quand cette même ex l'abandonne, en laissant Emma. Mais comment être un père quand on ne sait même pas tenir un bébé dans ses bras ?

Ce livre, c'est le passage d'un jeune vers l'âge adulte, c'est le combat d'un père pour sa fille, c'est aussi une prise de conscience sur la vie, cette conne qui nous fait tant souffrir, cette perle qui nous offre tant de bonheur, cette chose que l'on chérit, que l'on veut à tout prix prolonger, mais aussi que l'on veut parfois quitter le plus rapidement possible.

On retrouve dans cette histoire une double-narration, Dante, et Adam, son frère. Ces deux points de vue sont intéressants car ils partagent leur vie, mais ne la voie de la même façon. Leur opposition renforce la fissure familiale qui nous est montrée dans le roman.

Adam a 16 ans et est le frère de Dante. Il est gay, l'assume pleinement, et le revendique. C'est un optimiste né, un rêveur et un idéaliste. Il veut être acteur, et il est convaincu que s'il y croit à 100%, il y arrivera. Ce jeune homme nous fait rêver par son insouciance, sa liberté, la force de conviction qu'il dégage. On a envie à son contact d'assumer nos choix, de vivre comme on l'a décidé nous, et pas comme la société le veut. On veut être libre, oublier nos problèmes et vivre avec insouciance. Au jour le jour. Avec nos idées et nos forces, en oubliant nos défauts. Comme Adam.

Dante, lui, a les pieds sur Terre. Il s'est construit un avenir à force d'efforts et de travail. Aujourd'hui, les portes de l'Université lui sont ouvertes. Il a tout prévu. Tout sauf Emma, ce petit bout d'chou qui vient bouleverser sa vie. Dès lors, fini la fac, le journalisme, bonjour la vie et les responsabilités. Mais Dante n'est pas prêt, ne croit pas être prêt à élever un enfant. Mais heureusement son père est là pour le soutenir, à sa façon bien sûr. Il faudra à Dante du courage et de la force pour arriver à élever à Emma, mais ce petit soleil lui en insufflera bien assez. Alors oui, ça il ne l'avait pas prévu, il n'était prêt, mais il va apprendre et c'est avec sa famille qu'il va s'en sortir, à force de sacrifices et de patience.

Parlons un peu de leur père, Tyler. C'est un homme fier, qui accepte la vie comme elle vient. Il élève ses enfants à coups de morales et de phrases de théâtre revisitées, de maximes et d'histoires. C'est un homme peu expansif, jamais un mot plus haut que l'autre mais toujours juste et droit.Il prend Dante sous son aile (enfin ?) pour l'aider à élever et accepter Emma. Il est touchant par sa force, son amour pour ses enfants, même s'il na jamais su leur dire de façon directe. C'est un bon père, pour qui ses enfants sont tout. 

Sa femme, leur mère, est morte il y a quelques années. Pourtant, on ne nous parle quasiment jamais d'elle. Son deuil est fait, et même si elle manque, sa mort est désormais un fait accepté. Même si cette mort a profondément marquée Adam, il ne laisse rien paraître, comme un garçon. Car son père le leur a dit, les garçons ça ne pleure pas. 

Tante Jackie est la sœur jumelle de leur mère. On nous la présente comme une femme acariâtre, méchante et antipathique. Pourtant, au fil des mots, elle devient sympathique et compréhensive, aimante et souriante. Moi, je l'aime bien !

Ce roman aborde de nombreux thèmes. La paternité, l'homosexualité, la famille, ... Ces thèmes sont traités avec justesse, finesse et sensibilité. Ce roman donne envie d'être père, c'est vrai ! Effectivement, ce n'est pas que du plaisir, il y a des mauvais côtés, c'est vrai aussi. Mais ce n'est rien par rapport au bonheur que l'on peut ressentir, que peut ressentir Dante. Cce roman pousse aussi à accepter les autres, tels qu'ils sont. Pourquoi rejeter les autres ? Parce qu'il est différent ? Et alors ? Ce n'est pas parce qu'il est gay que c'est un extraterrestre qui va te dévorer. Oui, ce roman est un message de paix et d'amour. Il est là pour nous dire de vivre avec les autres, et pose une question essentielle : quel est l'argument valable moralement pour le rejeter ?

Ce roman parle aussi de la famille. Celle que l'on nous présente ici semble peu expansive. Tout le monde garde ce qu'il ressent pour soi. Or, ce n'est pas forcément une bonne chose. Car, quand on ne peut pas parler à cœur ouvert avec sa famille, avec qui le faire ? Cette famille doit se reconstruire, apaiser ses blessures et réapprendre à dire ces mots simples qu'on ne dit jamais assez, ceux qui font l'union et l'amour, qui apaisent et rassurent et permettent d'éviter de mettre sa vie en danger. 

Et c'est Emma, ce petit rayon de soleil, fait de joie et d'amour, qui va permettre de réparer les blessures, de renouer le vrai dialogue et qui va faire avancer ces personnages, pour qu'enfin, ils soient heureux. Ensemble.

C'est l'écriture de Malorie Blackman qui va porter cette belle histoire. Et c'est tout bonnement magnifique. Un pur et réel moment d'émotions, fort et puissant, qui nous fait rêver et dire : "Vive la vie. Puisque malgré tous nos problèmes, tous nos malheurs, la vie est belle et apporte la joie !".Cette plume nous fait tant rêver. Elle nous happe dans le roman, nous enveloppe dans son histoire et nous émerveille, pour nous déposer, hébétés, 287 pages plus tard, heureux et vivants, enfin.

L'argu en trois points : 

 Il faut lire ce roman pour :

•  les personnages. Ils sont touchants, amicaux, et simplement ... humains !
• le panel d'émotions que l'on traverse. En effet, l'écriture de Malorie, nous transmet tout un paquet d'émotions, puissantes et vraies. De la haine à l'amour, qu'il soit fraternel ou paternel, on apprend en vivant, et ce roman est un concentré de vie.
• les thèmes abordés dans cette histoire. Comme dit plus haut, ces thèmes actuels nous font vraiment réfléchir, et nous permettent d'affronter avec réalité, car on ne vit pas dans le monde des Bisounours (et heureusement !) !

 Théo, charmé