Confusion … jamais un roman n'a
aussi bien porté son nom ! Mais attention, ça n'a rien de méchant, bien au
contraire. Je le dis d'emblée : pari réussi pour Cat Clarke ! Ce roman n'est
sûrement pas le coup de cœur de l'année, justement parce qu'il m'a perturbé.
J'ai adoré être perdu, et j'ai perdu à être perturbé. Confusion. Je viens de le
terminer, laissez-moi vous en parler.
Grace a 17 ans se réveille dans
une pièce entièrement blanche. Un lit blanc, des draps blancs, des murs blancs,
un plafond blanc, une porte blanche, une salle de bains blanches, un tas de
feuilles … blanches. Et des bics. L'évidence s'impose : elle vient d'être
kidnappée. Mais qui est ce mystérieux Ethan, son ravisseur ? Pourquoi est-elle
traitée aussi bien ? Et pourquoi l'oblige t-il quasiment à écrire ses souvenirs
?
A sa façon, ce roman est
déroutant. L'auteure mélange en un même lieu le passé, le passé du passé, le
présent du passé, le présent et le passé du présent. Au final, on recompose les
morceaux dans notre tête pour recréer la vie de Grace, son quotidien et ses
blessures. Car cette fille est blessée, mutilée par un passé douloureux, par un
présent qu'elle ne supporte plus et par un futur qui l'effraie. Mutilée par des
évènements et puis par elle-même aussi. Car Grace se cache une vérité qui
pourrait bien la sauver. Au fur et à ses mesures de ses écrits, des souvenirs
remontent à la surface et elle nous les livre, bruts. Et en même temps si
détachée … C'est tellement étrange …
Oui détachée. Grace souffre, et ça
ne m'a pas touché. Pourtant je ne pense pas être insensible, mais c'est comme
s'il y avait une vitre entre ses émotions et elle. Ou entre elle et nous. Elle
nous livre les moments les plus intimes de sa vie, surtout les plus durs. Mais
c'est comme ses émotions ne s'accrochaient pas au lecteur. Je me rends compte
en vous écrivant que j'ai bien accroché au livre, au suspense, au thème, mais
l'héroïne ne me fait ni chaud ni froid. Je n'ai pas été touché par ses
émotions. Peut-être que c'était un effet voulu par l'auteure, la distance entre
l'héroïne et nous, et peut-être pas. Et en même pas, je pense qu'on peut
expliquer ça par la désinvolture de l'héroïne et par la banalisation de
certains actes.
En effet, Grace se scarifie. Elle
se coupe les bras, les jambes, et ça lui permet de se sentir mieux, de se
calmer, d'évacuer tous les problèmes qui lui tombent dessus. Et quand on veut
des explications sur le pourquoi, on en a pas. C'est comme ça. Parfois les gens
font des choses qu'ils ne s'expliquent pas eux-mêmes mais c'est comme ça. Soit.
Mais cette banalisation entraîne la banalisation d'autres actes, plus graves
encore et amène une distance considérable entre le lecteur et les héros.
Tiens parlons-en des héros
justement ! Grace, difficile de vous en dire plus ! Non, moi je voudrai
d'autres personnes tout autant importantes. Nat par exemple. Le beau,
intelligent, sexy, doux, attentionné, gentleman Nat. Le parfait Nat. Je ne
dirai rien de plus. A vous de décider à quoi ai-je pensé en écrivant tous ces
adjectifs. (mwahahahaha !) Je pourrais aussi parler de Sal, mais à quoi bon ?
Au final, tous ces personnages on s'en fout. La seule qui compte c'est Grace.
Parce qu'elle m'a touché. Pas par ces émotions mais par ce qu'elle a traversé,
par ce qu'elle a vécu. Le passé est bien souvent une explication au présent.
Pas une justification, mais une explication. Même irrecevable.
Oui, son histoire m'a touché.
L'histoire de son père, sa relation avec sa mère, ses problèmes d'amitié, ses
histoires de cœur (de cul plutôt ?), bref, sa vie de merde. Car à ce niveau là
je pense qu'on peut l'affirmer : cette fille a vécu l'enfer.
En comparaison, Revanche, l'autre roman de Cat Clarke
que j'ai lu, est bien plus puissant car on est plus proches des héros. Mais Confusion a ce truc, cette confusion
justement, qui fait que j'ai beaucoup aimé ce roman (moins que Revanche je dois bien l'avouer). Ce
mélange des lignes du temps, cette plongée dans le passé de l'héroïne, cette
recherche de soi-même poussée à son paroxysme pour trouver cette vérité qui
l'empêche de vivre.
Cat Clarke m'a beaucoup plus
touchée et bouleversée dans Revanche.
Confusion, c'est les débuts de cette
auteure, mais ce roman nous montre déjà toutes ses qualités d'écrivain. Car
c'est indéniable : Cat Clarke est douée ! Elle manie la plume comme une arme, et
ses mots sont des lames qui taille dans le vif de la chair d'un lecteur qu'elle
marque à jamais.
Pour conclure, Confusion, c'est un bon roman,
intéressant et très prenant, mais si vous ne devez lire qu'un Cat Clarke (même
si c'est une grave erreur de n'en lire qu'un), lisez Revanche !
Théo
J'ai beaucoup aimé ce titre !
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