Effroyable …
Incroyable … Impensable … Enfin presque !
Une fusillade dans un
lycée aux Etats-Unis. Des lycéens morts. Les autres victimes. Trois assassins.
De banals lycéens deviennent des tueurs. Personne ne les remarquait. Personne
ne les connaissait.
Lycée voisin. Deux
jours plus tard. Tout le monde ne parle que de ça. C'est alors qu'arrive un
conseiller en gestion de crise. Il est là pour éviter que l'incident ne se
reproduise à Central High. Dès lors, prenant peu à peu la place du
principal, il impose des mesures strictes, et sans contestation possible.
Vigiles à l'entrée, fouilles complètes autorisées, interdiction de posséder un
portable dans l'enceinte du lycée, interdiction de porter du rouge. Les mesures
se multiplient, et tombent sans que les élèves en soient directement avertis.
Les parents semblent manipulés, les élèves en révolte sont envoyés dans des
camps de redressement où on ne sait pas ce qu'ils deviennent, … Une dictature
dans un lycée, pleins de jeunes en toute possession de leur moyen, vous y
croyez ? Difficile à imaginer n'est-ce-pas ? Pourtant, il n'y a effectivement
qu'un pas de la rigueur au totalitarisme … (voir quatrième de couverture) !
Totalement originale,
cette histoire est assez effrayante. Elle nous montre combien nos libertés sont
fragiles, comment un incident qui ne nous concerne pas directement peut nous
nuire durablement, comment la peur de certains peut créer un cauchemar pour les
autres. Le roman nous fait réfléchir sur notre société. Et semble nous poser
une question : Préserver notre sécurité justifie-t-elle de prendre n'importe
quelle mesure ?
Même si l'auteure ne
prend pas position de façon explicite, on comprend implicitement qu'elle pense
que la réponse est non (mon Dieu, j'ai l'impression de travailler l'Histoire
des Arts et Inconnu à cette adresse).
Par son roman, cette fiction, elle dénonce l'autorité absolue, et, si on
élargit son propos, condamne les dictatures passées. L'histoire nous l'a
prouvée, la sécurité de chacun ne justifie pas n'importe quelle décision. Car
les Nazis n'ont-ils pas plébiscité l'extermination de millions de Juifs pour la
sécurité des Aryens ? Or, tout le monde s'accorde sur ce point, cette mesure
est hautement condamnable.
Après peut tout à fait être considéré comme un écrit engagé. Contre
le totalitarisme et la dictature.
Francine Prose
transforme ses personnages. De simples lycéens, ils deviennent martyrs,
collabos, ou héros. Des héros, qui, dans l'ombre, résistent au pouvoir. Malgré
leurs différences, leurs différents, ils s'unissent dans un but : ne pas plier.
Rester debout dans cette tempête, sous cet orage de règles et de sanctions. Ils
tiennent, et résistent.
Un simple tag, une
pensée écrite sur un mur, à la peinture, est en soi, un simple acte de résistance.
Clamer tout haut, à travers un tag, ce que tout le monde pense tout bas est
déjà symbolique.
L'auteure a un style
adapté au type de roman qu'elle a livré ici. Simple, clair et efficace, elle
nous emmène dans ce cauchemar, nous expose implicitement ses arguments. Elle
crée une alchimie totalement inconnue alors, faite de peur, d'excitation, de
crainte et de réalité. Elle nous met devant un fait accompli, nous jette de son
train, et nous dépose-là, dans cette gare délavée, pleine de crainte, d'attente
et d'espoir.
J'ai adoré ce livre.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, plus l'histoire s'assombrissait, plus
le destin heureux du roman semblait compromis, plus je me délectais de ce
roman, plus je me régalais. Je ne saurai expliquer pourquoi, mon sadisme
naturel sûrement …
Merci Marie (de chez Mollat) de m'avoir conseillé cette lecture ! (Son avis ICI)
Une lecture qui fait
réfléchir, mais qui est tout à fait agréable.
A découvrir !
Théo
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Salut !!
Merci de laisser une trace de votre passage, avec politesse, cela va de soi !!
Amicalement
Théo