dimanche 18 août 2013




Effroyable … Incroyable … Impensable … Enfin presque !

Une fusillade dans un lycée aux Etats-Unis. Des lycéens morts. Les autres victimes. Trois assassins. De banals lycéens deviennent des tueurs. Personne ne les remarquait. Personne ne les connaissait.

Lycée voisin. Deux jours plus tard. Tout le monde ne parle que de ça. C'est alors qu'arrive un conseiller en gestion de crise. Il est là pour éviter que l'incident ne se reproduise à Central High. Dès lors, prenant peu à peu la place du principal, il impose des mesures strictes, et sans contestation possible. Vigiles à l'entrée, fouilles complètes autorisées, interdiction de posséder un portable dans l'enceinte du lycée, interdiction de porter du rouge. Les mesures se multiplient, et tombent sans que les élèves en soient directement avertis. Les parents semblent manipulés, les élèves en révolte sont envoyés dans des camps de redressement où on ne sait pas ce qu'ils deviennent, … Une dictature dans un lycée, pleins de jeunes en toute possession de leur moyen, vous y croyez ? Difficile à imaginer n'est-ce-pas ? Pourtant, il n'y a effectivement qu'un pas de la rigueur au totalitarisme … (voir quatrième de couverture) !
Totalement originale, cette histoire est assez effrayante. Elle nous montre combien nos libertés sont fragiles, comment un incident qui ne nous concerne pas directement peut nous nuire durablement, comment la peur de certains peut créer un cauchemar pour les autres. Le roman nous fait réfléchir sur notre société. Et semble nous poser une question : Préserver notre sécurité justifie-t-elle de prendre n'importe quelle mesure ? 

Même si l'auteure ne prend pas position de façon explicite, on comprend implicitement qu'elle pense que la réponse est non (mon Dieu, j'ai l'impression de travailler l'Histoire des Arts et Inconnu à cette adresse). Par son roman, cette fiction, elle dénonce l'autorité absolue, et, si on élargit son propos, condamne les dictatures passées. L'histoire nous l'a prouvée, la sécurité de chacun ne justifie pas n'importe quelle décision. Car les Nazis n'ont-ils pas plébiscité l'extermination de millions de Juifs pour la sécurité des Aryens ? Or, tout le monde s'accorde sur ce point, cette mesure est hautement condamnable. 

Après peut tout à fait être considéré comme un écrit engagé. Contre le totalitarisme et la dictature. 

Francine Prose transforme ses personnages. De simples lycéens, ils deviennent martyrs, collabos, ou héros. Des héros, qui, dans l'ombre, résistent au pouvoir. Malgré leurs différences, leurs différents, ils s'unissent dans un but : ne pas plier. Rester debout dans cette tempête, sous cet orage de règles et de sanctions. Ils tiennent, et résistent.
Un simple tag, une pensée écrite sur un mur, à la peinture, est en soi, un simple acte de résistance. Clamer tout haut, à travers un tag, ce que tout le monde pense tout bas est déjà symbolique.
L'auteure a un style adapté au type de roman qu'elle a livré ici. Simple, clair et efficace, elle nous emmène dans ce cauchemar, nous expose implicitement ses arguments. Elle crée une alchimie totalement inconnue alors, faite de peur, d'excitation, de crainte et de réalité. Elle nous met devant un fait accompli, nous jette de son train, et nous dépose-là, dans cette gare délavée, pleine de crainte, d'attente et d'espoir.

J'ai adoré ce livre. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, plus l'histoire s'assombrissait, plus le destin heureux du roman semblait compromis, plus je me délectais de ce roman, plus je me régalais. Je ne saurai expliquer pourquoi, mon sadisme naturel sûrement …

Merci Marie (de chez Mollat) de m'avoir conseillé cette lecture !  (Son avis ICI)

Une lecture qui fait réfléchir, mais qui est tout à fait agréable. 
A découvrir !
Théo

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